Histoire de l’empire Inca
Si l’empire Inca n’a connu son apogée que peu de temps avant l’arrivée des Espagnols, son origine prend racine pendant le XII° siècle de notre ère. Selon la légende, le premier empereur, Manco Capac, sortit des eaux du lac Titicaca avec son épouse ; il entendit la voix de son père le Dieu solaire Inti, lui disant de trouver Q’osqo, le nombril du monde, pour y enfoncer un bâton d’or jusqu’à le faire disparaître ; là, serait la vallée fertile où se développerait la nouvelle civilisation qui régnerait sur le monde. Il est le premier des treize empereurs incas qui se succéderont jusqu’à la chute de leur domination. Les historiens, eux, estiment effectivement que cette civilisation prend son origine dans la région de la Vallée Sacrée, rendue puissante par la fertilité de son environnement, mais qu’elle aurait surtout des origines amazoniennes.
C’est à partir de 1438 que l’empire prend vraiment son essor. Suite à une bataille perdue d’avance contre leurs terribles voisins, les Chankas, l’Inca Viracocha fuit, et c’est son fils qui reprend les commandes du royaume. Lorsqu’il atteint (par miracle) la victoire, celui-ci s’autoproclame neuvième empereur, Pachacutec (en quechua, «celui qui transforme le monde»). A partir de ce moment-là, il commence une conquête foudroyante dans le but de soumettre les peuples voisins. C’est également Pachacutec qui entreprit la construction des grandes œuvres qui marquèrent la ville de Cusco (il fit construire le Qoricancha et un Palais sur la Place d’Armes), et les arrangements agricoles (détournements de rivières, etc.) qui permirent la prospérité agricole du peuple. Considéré comme le Napoléon des Incas, c’est lui qui imposa la réforme vers une organisation suffisamment forte pour gérer un empire tout entier. Ses successeurs, Tupac Yupanqui et Huayna Capac, élargirent l’empire, du sud de la Colombie au nord du Chili.
L’organisation interne de l’empire inca était exceptionnelle, car elle avait réussi à maintenir un certain ordre impérial dans un territoire immense, avec des populations très diverses, et avec très peu de communication. Pour assurer l’unification de l’empire, plusieurs stratégies étaient utilisées. D’abord, imposer le culte du dieu solaire Inti sans interdire les cultes locaux, ceux-ci s’adaptant donc afin d’intégrer cette variante culturelle inca. Ensuite, l’envoi de colons cusquéniens vers les territoires annexés (avec des promesses d’ascension sociale), et le transfert des populations vers la campagne lointaine pour cultiver, mélangées avec d’autres peuples, afin de brouiller les identités culturelles. L’empire, appelé Tahuantinsuyo, était divisé en quatre ‘’quartiers’’, se rejoignant dans la ville de Cusco, le nombril du monde. Les routes à travers les montagnes et les vallées, le fameux chemin inca, étaient les seules voies de communications disponibles ; des postes relais étaient présents à intervalles régulières le long de la route. Au cœur de cet empire, une organisation de fer était nécessaire pour maintenir l’ordre. Une armée forte et une bureaucratie bien organisée, assuraient le bon fonctionnement de l’empire. Une des caractéristiques de l’organisation de l’empire est la mise en commun de tous les biens et du paiement des impôts sous forme de temps de travail ; la redistribution des ressources entre les différentes régions et selon les nécessités (catastrophes naturelles, etc.). Enfin, l’arme absolue de domination inca a probablement été l’élément théocratique que cette civilisation : l’empereur n’était pas ‘’que’’ un empereur ; c’était un dieu vivant, le représentant et l’incarnation du dieu Soleil sur terre. Une fois les peuples convaincus de cet état des choses, la rébellion était beaucoup plus compliquée à mener, car l’empire inca avait réussi à pénétrer au plus profond des consciences, dans la cosmovision même de ces peuples.
Mais de nombreux augures, prédictions et rumeurs courraient sur la fin de cet empire, avant même que Pizarro et les Espagnols ne mettent un pied sur le continent sud-américain. La rivalité à la succession au trône des deux fils de Huayna Capac, Huascar (originaire de Cusco), et Atahualpa (de Quito, au nord), commençait déjà à semer des troubles politiques sur le pouvoir suprême de l’empire. Une guerre civile éclate, Atahualpa kidnappe son frère, et les peuples soumis en profitent pour revendiquer leur indépendance, sinon une plus grande autonomie : c’est dans ce contexte de chaos interne qu’arrive Pizarro. Plus préoccupé par le désordre interne que par l’arrivée de quelques créatures étranges à la peau blanche, Atahualpa ne prend pas garde, et est capturé à Cajamarca par quelques conquistadors : c’est la première victoire espagnole. En échange de sa liberté, Atahualpa promet une rançon fabuleuse d’or et d’argent ; depuis sa prison, il fait assassiner son frère, par peur que celui-ci ne reprenne le trône. Mais une fois la rançon donnée, évidemment, Atahualpa ne fut pas libéré mais bel et bien assassiné. Avec la mort d’Atahualpa, véritable dieu vivant pour les Incas, c’est l’empire tout entier qui est décapité ; la débandade commence. L’arrivée à Cusco en 1533 se solde par des pillages et bien des batailles, relativement difficiles (quelques dizaines d’Espagnols seulement étaient présents), mais Pizarro arrive à repousser les Incas de plus en plus loin dans la vallée, les obligeant même à se réfugier dans la jungle épaisse, à Vilcabamba. Le triomphe espagnol est désormais complet, et le pillage des richesses peut commencer en toute tranquillité.
Après ces épisodes sanglants, le cœur économique et social du pays se tourne vers la côte, et vers la Cité des Rois, l’actuelle Lima, centre des échanges entre l’Espagne et ses colonies, et 1er port majeur des Amériques espagnoles. Cusco devient une simple ville provinciale, sans intérêt particulier, et les maisons coloniales ont remplacé peu à peu les imposants murs Incas. La trace la plus flagrante de cela : la construction de l’église de Santo Domingo sur le centre cérémoniel du Qoricancha. La révolte de Tupac Amaru II en 1780 se déroula dans la cité impériale, symbole de l’héritage inca oublié, mais la répression meurtrière sur la même Place d’Arme marqua tout aussi symboliquement l’état de domination à Cusco et dans tout le Pérou. En dehors de cela, aucun évènement marquant n’est venu perturber le cours tranquille des choses dans la ville de Cusco, ni plus ni moins que dans le reste du pays. C’est, en fait, la ‘’redécouverte’’ du Machu Picchu en 1911 qui marque le plus grand changement pour l’histoire de la ville.
Liste des souverains successifs de l’empire Inca
Périodes Noms des souverains
? MANCO CAPAC
1230 - 1260 SINCHI ROCA
1260 - 1290 LLOQUE YUPANQUI
1290 - 1320 MAYTA CAPAC
1320 - 1350 CAPAC YUPANQUI
1350 - 1380 INCA ROCA
1380 - 1400 YAHUAR HUACAC
1400 - 1438 VIRACOCHA INCA
1438 - 1471 PACHACUTI YUPANQUI OU PACHACUTEC
1471 – 1493 TUPAC YUPANQUI
1493 - 1527 HUAYNA CAPAC
1527 - 1532 HUASCAR
1532 - 1533 ATAHUALPA
1533 - 1533 TOPA HUALPA
1533 - 1545 MANCO INCA
1545 - 1560 SAYRI TUPAC
1560- 1571 TITU KUSI YUPANQUI
1571 - 1572 TUPAC AMARU